Croquettes pour chien sans sous-produits animaux : la vérité derrière les étiquettes
Certaines marques de croquettes pour chien se vantent d’utiliser de la “vraie” viande, en lieu et place des sous-produits qu’on retrouve traditionnellement dans les recettes. Le but ? Surfer sur la mode du naturel, et nous déculpabiliser d’acheter des aliments industriels. D’autant que dans l’imaginaire collectif, on associe souvent les sous-produits animaux à des pièces de mauvaise qualité, voire impropres à la consommation humaine. Mais nous allons voir qu’un sous-produit, ce n’est pas forcément un morceau sans aucune valeur nutritionnelle, comme des plumes, des becs, des sabots ou même des os. Et heureusement d’ailleurs, car les croquettes pour chien sans sous-produits animaux, ça n’existe tout simplement pas… à l’exception d’une catégorie d’aliments un peu particuliers !
Qu’est-ce qu’un sous-produit animal ?
Le terme de sous-produit animal a deux définitions : la première est économique, et la seconde, réglementaire. D’un point de vue économique, un sous-produit correspond à tous les morceaux de l’animal qui n’ont pas trouvé de valorisation commerciale dans le circuit de l’alimentation humaine. En clair, lorsqu’un animal d’élevage est abattu, certains produits sont destinés à la consommation humaine : pour le bœuf, il s’agit – entre autres – du faux-filet ou des entrecôtes, et pour le poulet, du blanc ou des cuisses.
Et les sous-produits correspondent à tout ce que nous, humains, ne mangeons pas. Il peut s’agir de morceaux de viande qui sont non conformes par l’aspect et qui ne peuvent donc pas être vendus en boucherie, mais généralement, il s’agit d’abats, c’est-à-dire toutes les parties comestibles autres que la chair (cœur, poumons, foie, langue, etc.).
Les sous-produits animaux correspondent aux morceaux que nous ne consommons pas, souvent pour des raisons culturelles
En France, nous mangeons de moins en moins d’abats, ce qui fait de plus en plus de sous-produits disponibles. Si dans les années 50, on mangeait encore du poumon (on appelait ça du mou) et des mamelles, de nos jours, notre consommation se limite principalement au foie et aux rognons de veau, ainsi qu’aux joues de bœuf.
De même, on préfère généralement les découpes de volailles aux bêtes entières, et certaines parties sont donc laissées de côté, soit pour des raisons culturelles, soit parce qu’elles sont trop coûteuses et/ou compliquées à désosser. Mais ce n’est pas forcément le cas ailleurs dans le monde. En Chine par exemple, on mange tout sur un poulet, même le cou et les pattes ! La notion de sous-produit dépend donc des pays et de l’évolution des mentalités.
Plutôt que de finir à la poubelle (ou plutôt, à l’incinérateur), les déchets d’abattoir peuvent être valorisés en servant de matières premières à l’industrie du Petfood. Mais en Europe, tout cela est strictement réglementé afin d’éviter tout risque sanitaire. Ce qui nous amène à la définition réglementaire des sous-produits animaux. Selon le règlement européen (CE) n°1069/2009, dès qu’une matière d’origine animale n’est pas ou plus destinée à l’alimentation humaine, elle devient un sous-produit de catégorie 1, 2 ou 3.
Seuls les sous-produits issus d’animaux propres à la consommation humaine sont utilisables par l’industrie du Petfood
Les matières de la catégorie 1 (C1) sont celles qui présentent un risque sanitaire ou environnemental. Elles doivent impérativement être incinérées ou transformées en combustible. Les sous-produits de la catégorie 2 (C2) ne constituent pas un gros danger pour la santé publique, mais ils ne sont pas consommables pour autant. Il s’agit de matières avec des résidus médicamenteux, ou des non ruminants retrouvés morts en élevage (les cadavres de ruminants sont classés C1 à cause du risque d’encéphalopathie spongiforme bovine : la maladie de la vache folle). Ces sous-produits peuvent avoir une valorisation agronomique : on peut en faire de l’engrais ou du compost.
Enfin, les sous-produits de la catégorie 3 (C3) correspondent aux sous-produits issus d’animaux aptes à la consommation humaine. Seules les matières classées C3 peuvent être utilisées pour l’alimentation des animaux. Cela signifie donc que toutes les croquettes pour chien sont fabriquées avec des ingrédients propres à la consommation humaine. Alors méfiez-vous des marques qui essaient de faire passer ce point-là pour un avantage sur la concurrence, comme cela arrive fréquemment !
Les croquettes chien sans sous-produits animaux n’existent pas… ou presque !
Les animaux d’élevage ne sont jamais abattus pour le Petfood. Ils sont abattus pour l’alimentation humaine, et, comme nous venons de l’expliquer, les morceaux que nous ne consommons pas deviennent des sous-produits qui peuvent servir d’ingrédients pour la fabrication d’aliments pour chien et chat. Ce système de valorisation des sous-produits est une pratique écologiquement responsable, car elle permet d’utiliser toutes les sources de protéines d’un animal d’élevage, et ainsi éviter le gâchis.
Mais alors, est-ce que les croquettes sans sous-produits animaux existent ? C’est en tout cas ce qu’affirment certains fabricants. Le discours est toujours le même : évitez les croquettes qui contiennent des sous-produits, et préférez-leur celles qui utilisent de la vraie viande… tout cela dans le but de se proclamer comme la meilleure marque de croquette pour chien !
Le plus souvent, l’allégation « sans sous-produits animaux » est mensongère
En fait, cela n’a aucun sens. Car si une matière d’origine animale est destinée à l’industrie du Petfood, cela signifie que nous, humains, n’allons pas la consommer, et elle devient automatiquement un sous-produit de catégorie 3. Autrement dit, par définition, toute matière animale destinée au Petfood est considéré comme un sous-produit. Même s’il s’agit de viande fraîche ! C’est juste une question de réglementation, cela n’a rien à voir avec la qualité du morceau en lui-même. Par conséquent, toutes les croquettes sont faites avec des sous-produits animaux. Les marques qui prétendent le contraire mentent ou ne connaissent pas la réglementation en vigueur.
Il y a tout de même une exception : les croquettes chien vegan ! En effet, par nature, elles excluent toutes les matières d’origine animale. Elles ne contiennent donc pas de sous-produits animaux ! Mais comme le chien est carnivore, ce type d’alimentation n’est pas recommandé pour nos fidèles compagnons, et il nécessite des compléments alimentaires pour éviter les carences nutritionnelles.
Dans les croquettes, tous les sous-produits animaux ne se valent pas !
Si les sous-produits animaux sont bel et bien des déchets d’abattoir, ils ne sont pas nécessairement de mauvaise qualité nutritionnelle. Comme nous l’avons déjà vu, on peut avoir des morceaux de viande qui ont été déclassés simplement parce qu’ils ne sont pas conformes au niveau de l’aspect ou la taille. On retrouve aussi une grande quantité d’abats, qui sont très appétents, en plus d’être riches en protéines animales très digestes.
L’intérêt nutritionnel des sous-produits diffère selon qu’il s’agisse de viande, de VSM, d’abats, d’os ou de cartilages
Mais à côté de ça, il y a des sous-produits moins comestibles, comme les os, tendons et cartilages. Ceux-ci sont riches en collagène, une protéine d’un intérêt nutritionnel médiocre. Ils contiennent aussi beaucoup de minéraux (calcium et phosphore en tête), ce qui peut s’avérer toxique à long terme.
Enfin, à partir de carcasses de porc ou de volaille, on peut également obtenir de la VSM, c’est-à-dire de la viande séparée mécaniquement des carcasses (ce n’est pas possible à partir de ruminant à cause du risque de vache folle). Pour cela, on passe les carcasses qui sont encore entourées de chair dans une chambre de compression, et on les presse mécaniquement. En sortie, un tamis permet de séparer le reste de viande, qui est sous forme de bouillie, de la partie osseuse, qui est sous forme plus solide. La VSM est de moins bonne qualité nutritionnelle que la viande traditionnelle (et d’ailleurs on a pas le droit d’appeler ça de la viande, même si certaines marques ne se privent pas de faire l’amalgame), tout simplement parce qu’elle peut contenir un peu d’os et de cartilages broyés. Elle est aussi plus riche en lipides. Cependant, la VSM reste un ingrédient avec un intérêt nutritionnel certain. D’ailleurs, il faut savoir que la VSM est aussi utilisée en alimentation humaine, notamment pour fabriquer les saucisses de Strasbourg et les nuggets de poulet ou de dinde.
Comment évaluer la qualité des ingrédients carnés d’une croquette ?
Lorsqu’on s’intéresse à la liste des ingrédients affichée sur un sac de croquettes pour chiens, il est généralement assez difficile de juger de la qualité des sous-produits utilisés. Souvent, seuls des termes génériques sont employés (« poulet » tout court par exemple, ou bien « protéines déshydratées de porc et de volailles »), et ce, même chez les meilleures marques de qualité Premium — y compris les croquettes vétérinaires ! Alors comment évaluer la qualité des produits carnés qui entrent dans la composition de la nourriture pour animaux domestiques ?
Pour juger de la qualité des sous-produits animaux utilisés dans des croquettes, il faut calculer le ratio protéines/phosphore, qui doit être > 35
Le moyen le plus fiable est de prendre le taux de protéines de l’aliment, et le diviser par son taux de phosphore. En effet, le ratio protéines/phosphore est à peu près constant au sein d’un même groupe alimentaire. Ainsi, les viandes ont un ratio de 118 tandis que les os et cartilages ont un ratio beaucoup plus faible : 19 à peine. Les fruits et légumes se trouvent entre les deux, avec un ratio de 46. Dès lors, lorsqu’on a un mélange d’ingrédients appartenant à des groupes différents – comme c’est typiquement le cas dans une croquette pour chien – le ratio protéines/phosphore est un bon indicateur de la proportion entre viande et carcasse. Concrètement, les vétérinaires nutritionnistes ont établi qu’un ratio élevé (supérieur à 35) démontre que la recette est riche en viandes et sous-produits animaux de qualité, tandis qu’un ratio faible (inférieur à 25) traduit une forte proportion en os, tendons ou cartilages. Et entre les deux ? Eh bien, il est beaucoup plus difficile de juger.